Colloque de clôture du projet "Mobilités Rurales" de L'Ecole de design Nantes Atlantique dans le cadre du programme PREVER de l'eXtrême Défi
16-17 oct. 2025 Nantes (France)

Appel à communication

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Le projet de recherche « Mobilités Rurales », initié par L'Ecole de design Nantes Atlantique en 2023 dans le cadre du programme eXtrême Défi de l’ADEME, se clôture en octobre 2025 dans le cadre d’un colloque qui entend prolonger les réflexions engagées autour des pratiques, des représentations et des objets de mobilité dans les territoires ruraux. 

 

Les mobilités rurales s'inscrivent dans un contexte paradoxal. D'un côté, les territoires ruraux sont parmi les plus dépendants à la voiture individuelle, due à l'éloignement des services, à la faible densité d'offres de transport collectif, et à la dispersion des activités. Ils sont par ailleurs soumis à des spécificités du domaine des mobilités comme l’intermodalité, qui peut prendre de nombreuses formes, la diversité des voies de circulation, et la faible quantité de données et d’évaluations des dispositifs de mobilité. D’un autre côté, ces territoires sont aussi des lieux d'expérimentation de nouvelles formes de solidarité, de circuits courts et de mobilités partagées, raisonnant avec la multiplicité des contextes offrant autant de cadres d’expérimentation, tant dans les dispositifs de mobilité que dans ses formes et ses véhicules. Les mobilités rurales sont ainsi un terrain privilégié pour observer et accompagner les mutations des modes de vie, tant elles les déterminent.

 

C'est dans ce contexte qu’est apparu le concept de véhicules intermédiaires (VI), notamment soutenu en France par l'ADEME, dans le cadre du programme eXtrême Défi. Cette initiative vise à soutenir la conception de dispositifs de mobilité sobres, légers, réparables, low tech et adaptés aux usages réels des populations. Situés entre le vélo et la voiture, ces objets techniques interrogent à la fois l'économie de l'innovation, les représentations sociales du déplacement et les inégalités d'accès à la mobilité. Si ces véhicules trouvent un écho facilité en territoire urbain – forte densité, infrastructures cyclables facilitantes, faibles contraintes géographiques – l'implantation de tels dispositifs en milieu rural se confronte à de multiples freins et tensions, qui font ressortir de nombreux enjeux : appropriation sensibles du territoire, cultures locales, rapports genrés et intergénérationnels à la voiture, ainsi qu'à l'économie du quotidien.

 

L'ambition du colloque est d'explorer ces tensions : entre contraintes et débrouillardises, entre innovations techniques et transformations sociales, entre dépendance automobile et imaginaires d'autonomie. Il s'agit de croiser les regards disciplinaires et les types d'acteurs pour discuter des pratiques de mobilité, des objets techniques, des représentations sociales et des méthodologies permettant d'en saisir les dynamiques.

 

Le colloque ambitionne de discuter et de mettre en lumière les apports scientifiques et méthodologiques du projet “Mobilités Rurales”, tout en ouvrant un espace de discussion plus large à d’autres équipes, chercheurs et chercheuses, acteurs de la mobilité, citoyens et citoyennes, dont les travaux ou les expérimentations entrent en résonance avec les thématiques traitées. En cela, nous souhaitons inscrire ce colloque dans la double dynamique qui aura été celle du projet : une immersion ethnographique dans deux communes rurales, et une réflexion plus large sur les conditions de déploiement de solutions de mobilité durable à l’interface entre expérimentation, design, politiques publiques et pratiques sociales.

 

Nous attendons à ce titre des communications qui pourront s’inscrire dans les axes suivants.

 

Axe 1 : Pratiques, objets et représentations des mobilités rurales 

 

Cet axe vise à explorer les formes concrètes de la mobilité en milieu rural, les objets techniques qui la supportent, les imaginaires qui l’accompagnent et les tensions sociales qu’elle cristallise. Les propositions pourront aborder (sans s’y limiter) :

  • L’usage et les représentations des objets de mobilité : véhicules et véhicules intermédiaires, mais également vélos, trottinettes, voitures anciennes, quad… ;
  • Des déterminants sociologiques des mobilités en contexte rural ;
  • Les imaginaires de la low tech et de la frugalité dans le contexte des mobilités et / ou de la ruralité ;
  • Les politiques publiques de mobilité, en particulier au prisme et en questionnement des notions d’acceptabilité ou d'acceptation sociale appliquées aux innovations techniques.

Axe 2 : Faire recherche sur les mobilités rurales : méthodes et concernement

Ce deuxième axe interroge les conditions de production de la recherche sur les mobilités rurales. Il vise à documenter et questionner les méthodologies employées, les rôles des chercheurs et chercheuses, les modalités d’implication des habitants, et la capacité des démarches à produire du concernement. Les communications pourront traiter notamment :

  • Des problématiques quantitatives posées par les territoires ruraux et leur faible densité ;
  • Des problématiques et des méthodes de concernement et de recherche-action dans des projets de recherche ;
  • Des problématiques de restitution des pratiques de recherche auprès des enquêtés et des citoyens concernés ;
  • De la question de l’ancrage et de la pérennisation des dispositifs post-travaux de recherche ;
  • De la place du chercheur et des tensions entre posture de recherche et posture d’accompagnement

Programme

Retrouvez l'ensemble des replays du colloque en ligne

Jeudi 16 octobre

  • 9h00 - 9h45 : Accueil, café

  • 9h45 - 10h00 : Mot d'introduction (Isabelle Hanifi, Yaël Benayoun, Karl Pineau, Clémence Montagne, Jean-Luc Barassard et Florent Orsoni)

  • 10h00 - 11h00 : Grands témoins - Modération : Isabelle Hanifi

    • L'expertise d'usage comme aide aux politiques cyclables - Séraphin ELIE (FUB) (10h00-10h30) Le Baromètre Vélo est la plus grande enquête citoyenne au monde sur les mobilités. Forte de 334 000 contributions et 1,4 million de données géographiques, l'édition 2025 permet à plus de 2600 communes de toutes tailles de disposer d'un état des lieux citoyen de la "cyclabilité" de leur territoire. Cette expertise d'usage apporte un nouveau regard sur les politiques cyclables et le partage de la route, en milieu urbain comme rural.

    • Ethnographier le quotidien pour appréhender le changement dans le monde rural - Nathalie Ortar (ENTPE) (10h30 - 11h00) Comme toute société le rural change parfois bruyamment, parfois à bas bruit. Comprendre la nature et les ressorts de ces changements est essentiel. Cette compréhension est toutefois freinée par un accès au terrain d'enquête plus lent en raison de la prégnance des liens d'interconnaissance et d'un quotidien dont l'expérience reste partagée au sein d'une même communauté. Au cours de cette présentation je reviendrai sur les tenants de cette méthode d'enquête et son usage dans ce cadre spécifique.

  • 11h00 - 11h30 - Pause

  • 11h30 - 12h45 : Panel 1 - Retours d'expérience de terrain sur les mobilités rurales - Modération : Clémence Montagne

    • Les mobilités des jeunes ruraux pour accéder aux services d'aide - Eugénie Terrier (ESO) Cette communication présente une partie des résultats d'une recherche au sujet des parcours d'accès des jeunes aux services d'aide en milieu rural. Au croisement de travaux en sociologie, en géographie et en sciences de l'éducation sur les jeunes ruraux (Coquart, 2019 ; Amsellem-Mainguy, 2021), sur d'accès aux droits (Vial, 2021 ; Deville, 2023 ) et sur les mobilités spatiales des jeunes et des personnes en situation de précarité (Le Breton, 2005 ; Gambino, 2014 ; Jouffe&al, 2015), cette recherche interroge la dimension spatiale de ces parcours d'accès en examinant de quelles manières la question de la mobilité se pose pour les jeunes ruraux. Située dans l'Ouest de la France, sur un territoire à dominante rurale constitué de trois communautés de communes, l'enquête de terrain a débuté en 2022 par des rencontres avec les professionnel.les des structures locales qui accompagnent les jeunes (mission locale, associations, centre départemental d'action sociale, etc.). Puis, 25 entretiens ont pu être réalisés auprès de jeunes âgés de 17 à 29 ans résidant sur 18 communes différentes.

    • Ruralités en transition, Mobilités soutenables & Solidarités - Emmanuel Bioteau (ESO Emmanuel Bioteau est professeur de géographie et actuellement directeur de l'unité mixte de recherches (CNRS) ESO. Il a coordonné différents programmes ces dernières années, sur des thèmes liés à la solidarité et/ou à l'accompagnement social et à l'impact des organisations sociales sur le développement local. Il co-pilote actuellement le programme de recherche RurTransMobilS (RTMS ; dans le cadre de l'APR TEES de l'ADEME) portant sur les solutions de mobilité durable à l'appui de Vélis (véhicules intermédiaires) dans des espaces ruraux français.

    • D’une route à l’autre : mobilités et immobilités des jeunes ruraux en survie - Clément Réversé

  • 12h45 - 14h15 - Déjeuner

  • 14h15 - 15h00 : Panel 2 - Politiques de mobilités - Modération : Isabelle Hanifi

    • Poser le problème des mobilités rurales : discours, controverses et enjeux de représentation - Benjamin Rochetin (LAET) Cette communication s'intéresse à la manière dont se construit une définition commune d'un « problème mobilité » par l'ensemble des parties prenantes qui participent à la transformation des pratiques de déplacement quotidien en ruralités. Cette communication s'appuie principalement sur une analyse de la littérature grise récemment produite par des institutions publiques (rapport Jacquin, 2019 ; Cour des comptes, 2025) et les acteurs associatifs (Institut Terram, 2024 ; Secours Catholique, 2025 ; Rura, 2025) qui interrogent directement ou indirectement les enjeux liés à l'accès à la mobilité.

    • Mobilités différenciées, destins inégaux - Matthieu Grossetête
      Les politiques environnementales, souvent présentées comme justes et vertueuses, se révèlent en pratique socialement régressives. Le cas de la mobilité, principal poste d’émissions de gaz à effet de serre des ménages, illustre avec acuité cette injustice. Conçues avec générosité pour des citadins qui, paradoxalement, en ont le moins besoin, les politiques d’écomobilité font de l’automobile — jadis symbole d’émancipation — la cible privilégiée de la sobriété. Ce sont pourtant les classes populaires qui en supportent le coût : elles se déplacent moins, polluent peu, mais meurent davantage de leur mobilité. Les ouvriers, notamment, ont beaucoup plus de risques de mourir sur la route que les cadres.
      Mis au banc des politiques de sécurité routière, marginalisés par l’aménagement du territoire, les milieux populaires le sont aussi par l’idéologie dominante sur l’écomobilité, qui fait de la voiture l’ennemi public n° 1. Cette communication propose d’analyser les rouages de la stratification sociale des mobilités, en montrant que, derrière les récits enchantés d’un monde fluide et interconnecté, la mobilité — ainsi que la pollution et la mortalité qu’elle engendre — demeure à la fois un privilège et une nuisance parmi les plus inégalement distribués.

  • 15h00 - 15h30 - Pause

  • 15h30 - 17h45 - PREVER : Retours sur le projet "Mobilités Rurales"

  • 17h45 - 18h00 - Pause

  • 18h00 - 18h30 : Grand témoin : Laurent Eisenman, directeur Conseil chez Kisio, coordinateur de la Place des Mobilités

  • 18h30 - 19h00 - Agora des VLI - découverte du Woody Bus

  • 20h00 - Mashup : Afterwork

Vendredi 17 octobre

  • 9h00 - 9h30 : Accueil, café

  • 9h30 - 10h45 : Grands témoins - Modération : Isabelle Hanifi

    • Mobilités rurales : un film documentaire pour impliquer la masse critique d'habitants nécessaire à la mise en place de solutions de transport alternatives à la voiture solo ? - Joel Meissonnier (CEREMA) Cette intervention rendra compte d'un travail de recherche-action actuellement en cours au sein de la Communauté de Communes du Pays de Lumbres (62) entrant dans un programme de financement européen Interreg - Noth Sea. A partir de parcours commentés, nous avons tourné et réalisé un film documentaire professionnel (59 minutes) qui rend compte des facilités et difficultés à se déplacer sur le territoire quand on est jeune et quand on est vieux. Puis nous avons proposé à nos interlocuteurs d'essayer des solutions de déplacement disponibles mais qu'ils n'avaient encore pas expérimentées. Ce film documentaire a pour objectif de "faire parler". Au cours de projections-débats dans les différentes communes du territoire que nous animons, nous l'utilisons comme un moyen d'amener chaque habitant à questionner sur ses propres pratiques de mobilité.

    • Ethnographier les expériences des mobilités - Gaëtan Magin (LEM) Cette prise de parole reviendra sur l'intérêt des méthodes ethnographiques pour la compréhension des expériences de mobilité.

    • Mobilité rurale et collectivités territoriales: une articulation entre solidarité et mobilité - Damien Courbe La Loi d'orientation des mobilités, qui faisait suite à la crise des gilets jaunes, a créé la compétence autorité organisatrice des mobilité sur l'ensemble du territoire français, actant définitivement le passage de l'action publique de l'historique organisation des transports vers le sujet plus large de la mobilité et notamment en zone peu dense. Cette introduction d'un acteur public de proximité sur le domaine des mobilités en zone rurale notamment (historiquement ce sujet étant plutôt fortement adressé en zone urbaine) responsable du sujet l'a profondément interpellé. Quels outils de la connaissance de la pratique permettent de faire le bon diagnostic de la pratique actuelle et des besoins non assouvis? Quels sont les objectifs de d'une politique de mobilité en zone rurale? Dans un domaine ou l'on recherche des changements de comportement et ou l'offre routière est abondante comment créer une nouvelle norme sociale? Quelle place pour la puissance publique dans un univers ou les solidarités et l'action sociale sont bien plus présente? Quels indicateurs pour valoriser l'action publique? Comment rendre acceptable l'arrivée d'une fiscalité adossée à une offre peu visible?

  • 10h45 - 11h00 - Pause

  • 11h00 - 12h15 : Panel 3 - Faire recherche sur les mobilités rurales : méthodes et concernement - Modération : Yaël Benayoun

    • Mobilité low-tech : utilitaire, sobre et conviviale - Clément Chabot (Virage Commun) Les nouvelles mobilités sont autant l'occasion de véhiculer des idées et des valeurs que des personnes ou du matériel. Penser et mettre en œuvre des objets-lien qui questionne nos habitudes de déplacement et explore l'abondance possible dans la simplicité et la sobriété.

    • Assembler pour avancer : récit d'un atelier de mobilité low-tech - Alice Grasset (Laboratoire d'études et de recherche en sociologie, Labers, UBO) Cette présentation propose un retour situé sur une expérience de recherche-action menée lors d'un atelier de montage collaboratif de véhicules low-tech, les Vhélios, dans le cadre d'un projet d'expérimentation sociale sur la mobilité décarbonée (AAP Prever de l'Ademe). Pendant cinq jours, dans un gymnase universitaire, des chercheurs, des habitants, des bénévoles d'associations et des technicien·nes ont cohabité autour d'un objectif commun : assembler un véhicule fonctionnel à partir de kits open-source. Nous explorons les tensions, apprentissages et réagencements collectifs qui ont émergé dans cette fabrique temporaire. Il met en valeur les compétences bricolées et les savoirs situés qui se sont tissés dans l'acte de faire ensemble. Il revient aussi sur les conditions de production des savoirs.

    • Les Vélis au Québec : une démarche de prospective participative à la ville de Laval sur des scénarios de Vélis en 2050. - Florent Bègue (Université de Montréal) La très forte dépendance à l'automobile au Québec, particulièrement dans les zones périurbaines comme Laval, freine la transition écologique du secteur des transports. Aussi, notre recherche-intervention a pour objectif d'explorer collectivement de nouvelles solutions de mobilité durable, impliquant les acteurs locaux. L'utilisation de la prospective conceptive, autour de scénarios "Vélis", permet cette exploration. Plutôt que les solutions traditionnelles (vélo, transports en commun, marche), nous proposons ainsi de repenser une mobilité individuelle bas carbone, flexible et désirable afin d'offrir une transition douce vers la mobilité durable et ancrer une nouvelle vision de la mobilité quotidienne.

  • 12h15 - 12h30 - La poursuite de la démarche VLI à L'Ecole de design Nantes Atlantique, Jean-Luc Barassard

  • 12h30 - 13h00 - Mot de clôture par Gabriel Plassat, co-fondateur de la Fabrique des Mobilités et responsable du programme Extrême Défi à l'ADEME

Informations pratiques

Inscription

Inscription libre et gratuite, à réaliser sur l'onglet dédié du site.

 

Lieu et conditions pratiques

Le colloque aura lieu les 16 et 17 octobre 2025 à L'Ecole de design Nantes Atlantique, 61 bvd de la prairie au duc, 44200 Nantes.

L'inscription est gratuite. Attention, le repas ne sera pris en charge que pour les intervenants.

 

Comité scientifique 

  • Yaël BENAYOUN
  • Sophie EBERHARDT
  • Isabelle HANIFI
  • Clémence MONTAGNE
  • Karl PINEAU

Contact : prever@sciencesconf.org

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